« Au fil des collections », un cycle d’expositions proposées par le musée Fabre, réunit cette année deux artistes : Pierre Buraglio, avec « D’après…autour… avec…selon… » et Dominique De Beir, avec « Accroc et Caractère ». Ce dernier titre évoque à la fois l’accident, la déchirure, la blessure et le caractère individuel de l’écriture et de la typographie. Cette exposition est le reflet de l’attachement de l’artiste au musée Fabre. Elle permet un dialogue avec des œuvres présentes dans les collections du musée. Au fil des salles, Dominique De Beir a choisi d’accrocher des œuvres de Simon Hantaï, Judit Riegl, Michel Parmentier et Pierrette Bloch dont elle a été l’assistante pendant quelques années.
Née en Picardie, Dominique De Beir est formée à l’école des Beaux-Arts de Paris. Depuis les années 1990, elle s’intéresse aux matériaux délaissés, humbles, et n’a de cesse de les amener à la lumière, de les dynamiser par ses interventions. Trouer, inciser, percer, creuser, poncer, à l’aide d’outils de sa fabrication ou bien exécutés par des artisans sont les actions qui lui permettent de créer des accidents sur tous les supports dont elles dispose (papiers, cartons, planches d’imprimerie, polystyrène…).
« C’est souvent à cause de maltraitance que la surface se dissout et acquiert toute sa vitalité ».
L’exposition proposée au musée Fabre, « Accroc et caractère » s’inscrit dans un cycle dont elle est l’aboutissement. Elle se décline en plusieurs parties : Paysage, Écriture, Peau.
L’œuvre, intitulée Zone Verte (en couverture) fait partie d’un fonds de dotations de quatorze pièces de l’artiste au musée Fabre. Elle est imprégnée des paysages de la Picardie natale de l’artiste, grandes étendues bordées par la mer. Cette lumière du nord adoucie par la brume laisse entrevoir des reliefs accidentés, aux contours flous : « Je n’aime pas ce qui est net, je préfère la brume et les irisés et les bords de la mer du Nord ». Le polystyrène utilisé pour ce triptyque lui permet à la fois de mettre en lumière un matériau souvent caché, de marquer, par ses interventions, le côté fragmenté du paysage et l’aspect moussu des sols. L’espace vacant entre les panneaux peut évoquer la lisière, la bordure.
A propos de cette œuvre Dominique De Beir dit : « J’ai aimé ce rapport à l’espace de la Zone verte, un espace vacant, celui de la lisière, évocateur d’un hors champ »
ÉLIANE AUJALEU